LE CHEMIN PARLE !

Publié le par EMILE

 LE CHEMIN PARLE !! ??

 

J'ai longtemps hésité avant de vous relater mes ressentis et les récits d'autres Pèlerins qui se sont confiés alors que nous sirotions ensemble un café à la table d'un gîte... (aprés avoir la certitude qu'ils étaient compris ...),  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La première expérience se produisit à l'intérieur de la Cathédrale de LE PUY EN VELAY. La messe des Pèlerins officiée par Monseigneur Henri BRINCARD se terminait:

 

 

 

 

Monseigneur Brincard nous avait réunis et avait souhaité connaître nos Pays d'origine et la ville d'où nous venions; ensuite il nous donna une médaille représentant la Vierge noire et un chapelet puis nous proposa, pour ceux qui le souhaitaient, de porter une "intention de prière à COMPOSTELLE" ( celles-ci se présentaient sous forme de papiers pliés en quatre et disposés dans une corbeille de rotin - il y en avait au moins une cinquantaine -) . Lorsque je voulus en prendre une , la corbeille était vide; je me préparais donc à quitter la Cathédrale lorsqu'une personne âgée, venue du fond de la Cathédrale se dirigea vers moi et me dit " Monsieur, j'ai entendu que vous arriviez de VILLENEUVE LEZ AVIGNON, aussi je vous serais reconnaissante si vous pouviez avoir une intention de prière pour une Amie de SORGUES - elle me donna son nom - qui, je viens de l'apprendre, est atteinte d'un cancer..." . J'acceptais trés volontiers et me retrouvais ainsi avec une "intention de prière" à porter jusqu'à COMPOSTELLE. (Je me devais, de ce fait,  d'atteindre mon but). Cette gentille vieille Dame m'accompagna à travers la ville jusqu'à la sortie, avant une longue côte trés raide.  Le Chemin commençait . Ce n'est que bien plus tard que je me suis dit que le Premier "signe du Chemin" venait de m'être donné;

 

 

Ma deuxième expèrience je l'ai vécue peu de jours aprés, alors que je n'étais qu'à  cinq ou six kilomètres de CAHORS:

Je marchais sous un soleil éclatant; il faisait trés chaud.  Je venais de longer une immense et magnifique propriété viticole  et me  trouvais alors sur le plateau qui précède une descente longue et trés pentue ( pente de 14 °/o) qui conduit au bord du LOT, lorsque une fulgurante douleur traversa mon talon gauche; j'avais l'impression d'avoir le talon dans des braises incandescantes. Cette douleur intense et persistante m'obligea à l'arrét afin d'étendre une pommade anti inflammatoire qui ne donna aucun effet bénéfique, et, c'est pratiquement à cloche -pieds que je me dirigeais vers CAHORS. La douleur  trés forte et persistante m'inquiétait, je pensais à un arrachement des fixations du tendon... En arrivant au-dessus de la ville, je m'arrétais quelques instants afin d'admirer le spectacle qu'elle offrait, nichée au fond d'une vallée creusée dans le calcaire par le LOT, elle épousait un arc presque parfait sculpté par la riviére, et sur sa gauche le Pont de Valentré attirait immédiatement l'attention.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je franchissais la rivière par un pont rénové, et, sur sa berge septentrionale, j'eu l'agréable suprise d'ètre accueilli par des membres de l'Association des Amis de Saint Jacques; ils étaient installés dans un ancien poste de garde et proposaient une boisson chaude et quelques biscuits , ainsi que des bonbons que je devais  malheureusement refuser - diabète -.  Cette halte trés appréciée me redonna quelque courage pour rejoindre l'Auberge de jeunesse ( pas jeune du tout et trés "limite"...) .Aprés la douche et la lessive journaliére je m'occupais de ce talon qui à chaque pas se rappelait à moi par des douleurs fulgurantes, je pris des anti-inflammatoires  par voie orale et passait une pommade sur le tendon. Je me mis immédiatement au lit (16heures) et dormi jusqu'au lendemain (4heures ). La douleur était toujours là. Je décidais malgré tout de reprendre le chemin. La ville dormait, les rues sans vies  étaient totalement silencieuses,  seulement troublées par l'impact de mes bâtons sur le sol . A l'approche du Pont Valentré je passais sous la voie ferrée et vis à ma droite la gare SNCF - une pensée me traversa l'esprit " c'est la fin de mon Chemin, il ne me reste plus qu'à prendre le train et rejoindre ma famille - ... puis je me dis qu'il serait dommage de ne pas admirer le Pont depuis les hauteurs ..." et je poursuivis, traversant ce magnifique Pont de pierres, d'un autre âge, qui vit passer tant de monde à travers ses siècles d'existence. A L'aide des bâtons je grimpais la colline par un sentier formé de trés hautes pierres que la nature avait installées là - la douleur était insupportable, mais j'insistais - je me retournais et admirais la ville endormie , ancienne capitale du QUERCY, sont Pont, son eau vive. Je me retrouvais alors sur le plateau des Causses  et ... ME RENDIS COMPTE QUE JE N'AVAIS PLUS AUCUNE DOULEUR .... je pouvais marcher sans aucune retenue, je pouvais courir ...Miracle ! - Je repris mon chemin , le coeur gai, je me sentais si léger malgré mon sac à dos... 

 

 

Une autre fois, ce fut un oiseau qui m'intrigua:

 

 

 Je  quittais une zône de boccages par un sentier qui serpentait, montant  entre les talus, puis se perdait, au loin, dans une épaisse forêt qui prenait tout l'horizon. Les champs étaient délimités par des pieux servant à soutenir le fil électrique des clôtures. Je me souviens que le temps était menaçant et qu"un vent froid soufflait. Tout à coup un gros oiseau que je pris d'abord pour un Pivert, mais qui, à la différence de celui-ci, avait un bec court , assez fort et noir, se posa devant moi sur le sentier, sembla m'observer, puis, d'un coup d'ailes, se percha sur un pieu de clôture. Je continuais de marcher accompagné de l'oiseau qui allait de pieu en pieu, pendant au moins deux cents mètres, jusqu'à l'orée du bois (j'ai bien essayé de le photographier, mais, à chaque fois, il s'envolait lorsque j'appuyais sur le déclencheur) .  Quand la nature vous tient compagnie......un signe ?...

 

 

 

 

 

J'approchais du petit village d'OSTABAT, lorsqu'une trés forte contracture me tétanisa le mollet droit. Je m'arrétais et me  fis un "strapping" avec de la bande "élastomère" afin de limiter les actions musculaires.

 

 Boitant bas, j'avançais, sans rien voir, totalement intériorisé, déplaçant mentalement la douleur vers un autre endroit de mon corps - plusieurs fois j'ai constaté que cette suggestion mentale m'aidait à surmonter ces handicaps passagers -  lorsque au détour du chemin je croisais un vieil homme, tassé par l'âge et qui boitait de la même jambe que moi. Nous nous saluâmes  et il ajouta: " vous allez à SAINT-PALAIS ?" -" non je vais à OSTABAT ! " - " alors vous vous trompez de chemin, il fallait prendre le sentier sur votre gauche, il y a à peu prés deux cents mètres. Je vous accompagne  ! " . nous marchâmes côte à côte, boitant au même rythme, de la jambe droite, tout en  parlant de banalités. Au croisement des chemins il me montra une colline en me précisant qu'OSTABAT se touvait derrière elle. Nous échangeames une bonne poignée de mains et nous reprimes chacun notre chemin.... sans aucune douleur au mollet ... plus rien ... aucun mal... je marchais de plus belle jusqu'au gîte .... un signe ?...

 

 

  

    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J'approchais de COMPOSTELLE , nous étions au début du mois de juillet, les randonneurs, les faux pèlerins, étaient "légion" et les places dans les gîtes trés vites squattées par cette population - le vrai pèlerin qui n'arrivait pas à trouver de place n'avait comme solutions soit de continuer jusqu'au prochain gîte, soit d'opter pour une chambre dans un hôtel, soit dormir dans la nature ( pas recommandé...).

 

Pour ma part, partant toujours trés tôt, je décidais de partir  vers quatre heures du matin,  eclairé sporadiquement par ma lampe électrique. La majorité du temps je me contentais de l'éclairage stellaire, et ... chose surprenante... je m'arrétais parfois, bien que le chemin semblait se poursuivre droit devant moi ... j'allumais la lampe; un tour d'horizon me faisait découvrir dans son pinceau lumineux  un autre chemin   avec la borne  précisant la bonne direction vers COMPOSTELLE.

 

J'ai souvent senti comme une présence qui me guidait ( certains appelleraient celà pressentiment...) et je peux dire que chaque fois que je m'arrétais, bien que rien n'attira mon attention, c'était parce qu'il fallait changer de direction... Je m'orientais toujours plein ouest, me fiant à cette étoile qui brillait plus que les autres et était la dernière à s'éteindre dans le jour naissant... Je peux vraiment dire que j'ai marché les dernières nuits avant le but final sous un véritable champ d'étoiles - COMPOSTELA: CHAMP d'ETOILES.

La plénitude de ces instants de bonheur simple et pur, il n'y a qu'aujourd'hui , aprés six mois de vie familiale, loin du Chemin, que je peux en mesurer l'intensité.

 

 


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LES DEUX ANECDOTES SUIVANTES SONT LE VECU DE DEUX AMIES PELERINES:                                                                    

 

 

L'une d'elles me fit remarquer que les chansons de son enfance lui revenaient en mémoire et , chemin faisant, elle les fredonnait parfois suffisamment fort.  Comme moi, elle a énormément apprécié l'accueil des Frères et Hospitaliers de CONQUES. La bénédiction des pèlerins dans l'Abbatiale suivie d'un concert d'orgues l'ont émue aux larmes, car la dernière interprétation du Frère organiste était la chanson qu'elle fredonnait la journée durant, une contine que sa mère lui chantait dans sa prime enfance pour l'endormir.      et cela s'est déroulé le jour de son ANNIVERSAIRE....

 

 

 

 

 

 

 

 

 

la deuxième personne nous raconta que, comme beaucoup de pèlerins, elle déposait des petits cailloux aux pieds des croix et édifices catholiques. Ses amis randonneurs, au début souriaient, se moquant un peu d'elle, mais elle insista, et àla fin plus personne ne fit de remarque jusqu'au soir où, toujours à CONQUES, à la sortie du concert d'orgues, un de ses collègues, pour plaisanter, sorti un gros cailloux de son sac et en le lui tendant lui dit:  " tu as oublié de déposer ton cailloux ce soir  !..."  Ce faisant, il donna le gros cailloux et en riant s'appuya au mur de pierres de l'Abbatiale et ... sous sa main, un cailloux d'égale grosseur se détacha du mur.... Depuis , parait il, il a toujours des petits cailloux dans son sac qu'il dépose aux pieds des croix....

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

OUI LE CHEMIN PARLE !;ENCORE FAUT-IL VOULOIR L'ENTENDRE   

Publié dans voyages

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